Léa Nature : récit d’une ETI à mission “impact native”

Première ETI à mission et fabricant français bio, Léa Nature entend démocratiser l’accès aux produits biologiques et naturels qui respectent les écosystèmes, la biodiversité, les ressources naturelles et le climat.C’est quoi au juste une entreprise « impact native » ? Pour en savoir plus, The Good rencontre Mireille Lizot Directrice des Engagements et Communication Institutionnelle chez Groupe Léa Nature.

The Good : pouvez-vous nous expliquer pourquoi la stratégie RSE de Léa Nature est si importante depuis 28 ans ?

Mireille Lizot : Nous avons développé la RSE de Léa Nature sans le savoir dès l’origine. Elle fait vraiment partie de notre ADN. Nous avions déjà édicté nos valeurs de l’entreprise et créé un comité éthique dès 2000. Léa Nature s’est engagée en 2007 dans une démarche de philanthropie environnementale portée par l’adhésion de nos marques bio au collectif mondial 1% For the Planet en 2007. C’est un engagement très fort de reverser 1% de notre CA à des associations. Notre engagement s’est démultiplié sur nos 18 marques Bio qui sont membres de ce mouvement. Depuis 2007 nous avons versé 13,5M€ aux associations engagées dans la protection de la biodiversité. Je précise que nous ne le faisons pas pour la défiscalisation environnementale (0,5%) qui est très faible en France. Il est très important chez LÉA NATURE de reverser à la nature ce qu’on lui prend.

En 2010, c’est la norme ISO 26000 qui est retenue pour notre démarche RSE interne, avec une auto-évaluation en 2012. Notre démarche fut évaluée pour la première fois en 2013 par ECOCERT avec dès le début le niveau excellence, que nous conservons tous les ans depuis.

Nous avons un plan d’engagement RSE avec un processus d’amélioration continue tous les trois ans. Nous sommes officiellement une entreprise à mission depuis octobre 2019 avec notre Raison d’Être inscrite dans nos statuts : « Proposer des produits sains, naturels et biologiques respectueux de la santé de l’Homme et de la nature, accessibles au plus grand nombre et favoriser les économies locales, dans le domaine de l’alimentation, de la santé, de l’hygiène beauté et des produits pour la maison ; et s’assurer de son indépendance pour garantir la pérennité de sa mission, de ses implantations locales, de ses emplois et de son développement ». Par ailleurs nous avons rejoint le mouvement B Corp et nous attendons une confirmation de notre certification B Corp courant 2021.

TG : quels sont les bénéfices tangibles d’être une entreprise à mission et avez-vous des indicateurs pour mesurer la valeur extra financière de LÉA NATURE ? 

M.L. : quand nous avons adhéré à la communauté des entreprises à mission, tout le monde nous considérait comme « Mission Native » et c’était une reconnaissance du travail des entreprises qui œuvrent depuis le début à une mission d’intérêt général. Nous nous battons pour fournir des produits bio, plus sains, sécuritaires sans être nuisibles pour l’environnement, tout en contribuant de façon positive à la société. Pour suivre notre plan d’engagement RSE, nous utilisons la plateforme Metrio qui nous permet de collecter toutes nos données et de piloter au plus près tous nos indicateurs RSE et d’extraire un rapport de données extra financières que nous communiquons à nos parties prenantes et au comité de mission. Nos chiffres seront ensuite audités par EY.

Nous avons aussi un très bon indicateur de valeur sociale étendue de notre entreprise avec les 20 000 CV que nous avons reçus l’année dernière ! Il est intéressant de voir que les profils des entreprises qui s’engagent par exemple dans le 1% For the Planet ce sont plutôt des jeunes entrepreneurs, de toutes jeunes TPE qui décident dès la création de reverser 1% de leur CA avant même de démarrer leur activité. Les jeunes entrepreneurs ont compris qu’il est important de préserver la branche sur laquelle on est assis.

The Good : avez-vous atteint vos objectifs 2020, à savoir : fabriquer 80% de vos produits en France, dont 70% dans vos ateliers en région, financer la plantation d’1 million d’arbres, réduire de 90% le plastique issu du pétrole dans les emballages cosmétiques et avoir zéro voiture diesel pour votre flotte automobile ? 

M.L. : Nous avons presque coché toutes les cases sauf pour la flotte automobile qui est non diesel à 92%. Pour la réduction du plastique nous avons atteint notre objectif à 90% pour les cosmétiques. Nous avons pour objectif dans notre plan 2022 pour l’alimentation d’augmenter la part d’emballage 100% recyclable ou compostable et d’atteindre 100% des contenants cosmétiques recyclables.

Par exemple, il nous a fallu 2 ans de transposition industrielle pour réaliser

une boîte d’infusion 100% «home compost» que l’on peut composter chez soi.

Nous avons introduit du carton en fibre recyclée, des encres végétales, un sachet infusion sans agrafes et un film protecteur d’arôme en suremballage révolutionnaire en cellulose de bois étirable. Nous avons d’ailleurs recruté un docteur en chimie pour nous aider à innover dans les emballages encore plus écologiques avec nos partenaires.

Nous avons dépassé nos objectifs sur la plantation d’arbres avec 1,5 million d’arbres plantés par les associations locales qui travaillent avec la Fondation LÉA NATURE. Nous avons un objectif de planter 100 000 arbres par an, non pas dans une démarche de compensation ou d’achat des crédits carbone mais dans une action concrète et positive avec les ONG sur le terrain et notamment en France où on manque de biodiversité forestière. Nous avons soutenu 52 projets de replantation avec 31 associations dans 27 pays.

The Good : comment limitez-vous concrètement l’impact de votre activité ? Quelle est votre stratégie dans la gestion des déchets et gaspillage alimentaire ? 

M.L. : Premièrement nous avons recruté une responsable dédiée à l’anti gaspillage et la valorisation des déchets. Ensuite notre démarche s’inscrit autour de trois objectifs complémentaires :

  • Réduire les déchets à la source en mettant en place une filière de recyclage ou de réutilisation de certaines matières premières avec les agriculteurs bio locaux.
  • Augmenter nos dons : en cas de produits légèrement abîmés ou mal étiquetés nous faisons des dons chaque semaine aux banques alimentaires ou aux Restos du Cœur.
  • Réduire la part des déchets industriels en diminuant les pertes. Par exemple pour les infusions, l’introduction de machines haute cadence très innovantes avec une vis sans fin a permis d’éviter de la perte importante de matière.

Nous avons aussi un plan de réduction de consommation énergétique, avec un pilotage de suivi en kWh par tonne fabriquée et aussi en kWh par m2 pour nos entrepôts. Depuis 2006 nous utilisons plusieurs sources d’énergies renouvelables : les panneaux solaires, pompes à chaleur et un puits canadien installé sur notre entrepôt logistique. Cela nous a permis une économie de 5 degrés.

Nous souhaitons polliniser cette approche sur nos 19 sites qui ont déjà obtenu la norme ISO 26000 allégée avec le label bio entreprise durable (Synabio). Chaque site va pouvoir établir son propre plan d’engagement RSE.

Nous avons aussi construit une nouvelle usine cosmétique en face du siège social à côté de La Rochelle intégrant pour la première fois une station d’épuration naturelle par Bio-disque pour filtrer 70% de nos matières organiques dans les effluents rejetés dans le réseau de la ville.

Notre prochaine étape après la société à mission va être la création d’un fonds de dotation dans le cas de la fondation actionnaire pour la transmission du capital et la préservation des valeurs de l’entreprise. Nous le ferons progressivement à partir de 2022.

Interview parue dans TheGood

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