Antoine Hubert, Président et CEO d’Ÿnsect : « l’activité d’Ÿnsect est l’une des premières à être carbone négative en France »

Ÿnsect, startup spécialisée dans l’élevage et la transformation d’insectes pour l’alimentation animale est une championne de l’Impact. Après des levées de fonds spectaculaires atteignant 357 millions d’euros, Ÿnsectest en pleine phase de croissance et se place dans les starting-block pour produire des protéines à base d’insectes pour l’alimentation humaine. The Good rencontre le visionnaire Antoine Hubert, Président et CEO d’Ÿnsect, qui nous explique sa stratégie de développement et son engagement pour protéger l’environnement et la santé.

TheGood : Après votre levée de fonds record fin 2020, où en êtes-vous dans votre stratégie de développement ? 

Antoine Hubert : En 2021, Ÿnsect a fait l’acquisition de Protifar, leader mondial de la production de protéines d’insectes à destination de la consommation humaine. Ce rachat s’inscrit dans un désir d’internationalisation d’Ÿnsect et de la pénétration du marché de l’alimentation humaine, notamment du fait de la récente autorisation de la consommation du ver de farine par l’Homme, déclarée par la Commission santé de l’Union Européenne. D’ici à 2022, Ÿnsect lancera également son troisième site de production à Poulainville, dans la métropole Amiénoise, la plus haute ferme verticale au monde. Ce lancement permettra à Ÿnsect d’assurer la production de 200 000 tonnes d’ingrédients par an pour répondre au besoin pressant de protéines dans le monde. Ÿnsect a d’ores et déjà signé pour plus de 105 millions de commandes auprès de clients tels qu’Angibaud, Skretting, Virbac ou Torres.

TG : Sur le marché des protéines alternatives, quels sont les bénéfices de vos farines par rapport à vos concurrents ? Avec le rachat de Protifarm, comment allez-vous adresser le marché de l’alimentation humaine ?

AH : Depuis sa création, Ÿnsect élève et transforme des vers de farine Molitor, puis plus récemment, avec le rachat de Protifarm, des vers de farine Buffalo, cousin du Molitor, pour en faire des ingrédients premium à destination des plantes, des animaux de compagnie, poissons d’élevage et de l’Homme. Le scarabée est l’insecte le plus premium avec 72% de protéines très qualitatives aux propriétés exceptionnelles.

Pour les animaux, les ingrédients Ÿnsect permettent une diminution des maladies de peau chez les chiens et les protéines d’insectes sont faciles à digérer : 86% de digestibilité pepsique. Chez les poissons, on observe 34% de rendements en plus pour la truite arc-en-ciel, 25% de mortalité en moins dans les élevages de bars et 40% de mortalité en moins pour les crevettes.

Pour les plantes : le fertilisant naturel d’Ÿnsect se substitue aux engrais minéraux sans modifier les performances de rendement sur le gazon, la carotte, la pomme de terre, etc… Avec son utilisation, on observe une augmentation de 29% de la biomasse sur la tomate et une augmentation de 20% des rendements de blé et de la vigne. Il permet une augmentation générale de l’activité microbienne et une augmentation du nombre de fleurs sur les plantes ornementales telles que les rosiers.

Pour l’Homme, associée à des fibres, des minéraux, des probiotiques et un équilibre favorable des acides gras, est particulièrement adaptée aux athlètes et aux consommateurs soucieux de leur santé et de leur forme physique. En substituant la caséine (protéine de lait) par le produit d’Ÿnsect dans le régime alimentaire de la souris, la concentration en cholestérol dans le foie et le plasma diminue fortement, jusqu’à 60%, ce qui peut représenter un intérêt pour les personnes souffrants d’hyperlipidémie. Le haut taux de protéines en fait un ingrédient premium hautement digestible qui peut être utilisé en complément pour certaines maladies de la digestion mais également en alimentation sénior.

Ainsi, avec le rachat de Protifarm, Ÿnsect souhaite pénétrer le marché de l’alimentation humaine par le biais de deux piliers : santé et performance. Des enquêtes auprès de futurs consommateurs démontrent une forte demande de la part des athlètes, du fait des performances du Molitor : l’intention d’achat dans cette catégorie de consommateur est de 60% en Europe de l’Ouest, un attrait qui est dû, en grande partie, au fait qu’il s’agisse d’une solution naturelle et moins transformée que les aliments vendus actuellement.

TG : Vos fermes verticales à scarabées sont très innovantes et s’inscrivent dans une logique d’économie circulaire. Pouvez-vous nous expliquer comment faites-vous pour circulariser la farine d’Ÿnsect ?

AH : Nos fermes verticales sont toutes établies dans des régions stratégiques pour Ÿnsect, c’est-à-dire des régions agricoles où Ÿnsect peut bénéficier du savoir-faire local et de la présence d’agriculteurs qui fournissent les matières premières nécessaires à l’alimentation des insectes. Ÿnsect est en économie circulaire totale : nous nous fournissons en co-produits indispensables pour l’élevage auprès d’agriculteurs et producteurs locaux. Cet approvisionnement en circuits courts permet d’éviter le transport des matières. De plus, Ÿnsect récupère et utilise les déjections des insectes pour produire un fertilisant naturel, le Frass, utilisable en agriculture biologique. L’engrais naturel d’Ÿnsect est d’ailleurs le premier à avoir obtenu une homologation de mise en marché pour un fertilisant naturel à base d’insectes. Enfin, dans le cadre de la construction de son troisième site de production à Poulainville, Ÿnsect a développé son modèle de fermes verticales pour produire plus de protéines tout en utilisant moins d’espace et de ressources. D’après une étude menée par le cabinet Quantis, puis contre-expertisée par le cabinet ECO2, l’activité d’Ÿnsect est l’une des premières à être carbone négative en France. En effet, il a été démontré que sur l’ensemble de la chaîne de production, l’activité d’Ÿnsect évite et séquestre plus de CO2 qu’elle n’en émet. D’ailleurs, c’est avec pour objectif de réduire encore plus ses émissions carbones qu’Ÿnsect a récemment créé une direction « Impact » qui a pour objectif de qualifier, mesurer, calculer les conséquences des activités de l’entreprise sur le monde qui l’entoure et d’encourager ses équipes à toujours faire mieux.

TG : Vous avez obtenu rapidement la certification B Corp, pourquoi l’engagement RSE  pour Ÿnsect est si important et pouvez-vous nous le décrire ?

AH : Notre Raison d’Être est de « réinventer la chaîne alimentaire en offrant, chaque jour, à tous les consommateurs du monde, une alimentation naturelle, saine, savoureuse et durable ».Nous avons réalisé dans ce cadre toutes les analyses de cycle de vie de la production et intégré un outil de comptabilité carbone connecté à notre ERP. Nous impliquons bien sûr toutes les parties prenantes et il nous a paru évident de proposer à nos employés des conditions de travail les plus attractives, sécuritaires mais surtout qui ont du sens. Nous avons mis par exemple en place un congé paternité égalitaire avec le congé maternité, de 10 semaines, entièrement financé par l’entreprise. Nous avons aussi revalorisé les bas salaires minimum de 35% pour permettre de créer une filière d’emplois plus qualifiés.

Nous sommes aussi engagés dans la biodiversité. Par nature, notre produit permet de réduire la surpêche. Il faut savoir qu’un quart de la pêche mondiale sert à nourrir les autres animaux. Nous avons lancé le projet TerrHa 2040 qui porte un triple enjeu de réduction des émissions des itinéraires techniques agricoles, de séquestration de carbone dans les sols et de renforcement de la biodiversité locale des filières blé et colza voisines d’Ÿnsect. Nous allons créer des chaînes alimentaires plus durables. Nos trois premiers partenaires s’engagent à planter sur le territoire des Hauts-de-France, d’ici 2040 près de 1700 km de haies, soit 1,8 million d’arbres, chez 1100 agriculteurs partenaires pour une séquestration de plus de 190 000 tonnes de CO2 d’ici 2040. Dès 2021 ce seront plus de 7500 arbres qui seront plantés. Cela va améliorer les niveaux de biodiversité locale en fournissant habitats et nourritures à une faune et une flore très importantes.

 

article publié dans TheGood

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